J’ai envisagé un temps d’utiliser la technique du vide pour ce chantier, mais finalement je réalise que la pièce est à la fois un peu grande, mais aussi torturée avec les nageoires. Je reste donc sur du classique avec une utilisation systématique de tissu d’arrachage pour l’état de surface (qui permet une reprise aisée) et le pompage de la résine excédentaire pour faire léger.
Sur cette image, tous les renforts sont posés, renfort de poignée et de reprise de moment fléchissant à l’embase. L’état de surface est nickel. On aperçoit aussi le support gopro en bout de winglet.
A ce stade chaque saumon pèse 520 gr. Mon objectif est de ne pas dépasser 1,1 kg.
24 novembre.
Suite.
J’ai passé toute la matinée pour une couche, c’était délicat, d’abord une découpe en plein tissu pour faire passer le winglet au travers. Ensuite tous les bords sont non développables et il faut beaucoup jouer avec le tissu pour lui faire prendre les formes et ensuite le faire tenir en place. J’ai beaucoup utilisé des épingles pour tendre localement le tissus d’arrachage. Je plante les épingles dans le moule à travers le tissu.
Du vrai artisanat quoi. Ce soir c’est sec, j’ai retiré le tissu d’arrachage. C’est très réussi et très raide.
Après un ébavurage des bordures, je collerai la même couche de tissu mixte carbone/aramide 300 gr sur le dessous. Masse intermédiaire, 680 gr à ce stade.
Demain matin je ferai des petites choses, intrados des winglets qui ne prendront pas beaucoup de temps. Je retourne bosser en soirée, à Roissy cette fois, pour poursuivre ma formation 350 à la sauce compagnie.
Retour lundi 30 pour la suite.
30 novembre.
Retour au bercail pour reprendre nos activités. Je me suis contenté d’un extrados de winglet à stratifier, avec la demie journée qu’il me restait. Demain je reprendrai le gros œuvre.
Un petit mot sur la qualif 350 que je termine en ce moment. Cette machine est vraiment étonnante pour la gestion simplifiée des approches qu’elle permet. On a touché du doigt les approches RNP AR qui sont basées sur des trajectoires quelconques, permettant d’arriver en courte finale après une série de zigzags. C’est le futur paraît-il, essentiellement pour des raisons environnementales, mais ça permet aussi des approches en région montagneuse avec des minima très bas.
Remarquable également, le HUD ou collimateur tête haute, ça demande un peu d’appropriation, mais c’est redoutable de précision pour les atterrissages, et si c’était pas si cher il nous faudrait un truc comme ça pour la montagne !
Dernier truc bluffant, la descente d’urgence automatique en cas de dépressurisation explosive. Si au bout de 15 secondes le pilote ne fait rien, l’avion plonge de lui-même vers l’altitude de sécurité ou le FL100, prend un offset de 3 nm à droite de la route. Il gère tout seul la sortie des speedbrakes et accélère vers VMO/MMO. 11000 ft/mn en descente (vu hier soir au simu). Si un avion est en dessous et représente une menace, l’avion gère tout seul l’évitement TCAS, puis reprend la descente d’urgence derrière ! Il aura également mis tout seul les consignes passagers, leur aura donné de l'oxygène et affiché 7700 au transpondeur.
Bref, à l’allure où ça va, on a encore besoin de nous dans le cockpit, mais plus pour très longtemps.
2 décembre.
Ils ne sont pas encore finis, mais je suis allé faire un essayage sur l’avion pour aligner les bords de fuite des saumons aux ailerons (en les coupant). J’ai également contrôlé l’espace entre saumons et ailerons pour éviter tout risque d’interférence.
Papa était avec moi et on a commencé à installer les équipements sur la cloison pare-feu qui doivent être remontés avant le moteur. Vous l’aurez compris, le remontage moteur est en courte finale.
On a également phosphoré pour trouver une place à chacune des 5 antennes que notre nouveau tableau nécessite.
2 antennes gps pour le système MGL, une pour l’Explorer et une pour l’Xtrem, que nous allons installer derrière la cabine, dans le fuselage en partie haute. Pas de problème pour la longueur de fil qui fait au moins 5 mètres !
Le FLARM nécessite une antenne gps également, qui est très discrète et qui trouvera sa place sur le auvent. Il utilise aussi deux antennes vhf qui ne peuvent pas être mises trop prêt l’une de l’autre. Nous allons a priori les installer contre les flans du fuselage à hauteur des jambes des pilotes, une de chaque côté.
La construction bois permet de placer toutes les antennes en intérieur évitant ainsi leurs traînées parasites.
Demain je poursuivrai le travail de stratification sur les intrados de saumons. Il ne restera ensuite que quelques renforts ponctuels à faire avant le travail un peu plus long de finitions.
Je dois aussi faire des découpes pour l'installation des feux de nav, avec un autre petit travail de stratification de leur logement, en creux.
6 décembre.
Saumons, intégration feux de nav.
J’ai remarqué un défaut de dièdre sur le saumon droit, c’est fort fâcheux et un peu la faute au confinement, car je n’ai pas pu faire certaines vérifications.
Je suis en train de réfléchir à la façon de corriger cela, un peu de boulot en plus mais c’est pas grave. L’avion ne se serait rendu compte de rien, mais moi j’ai l’ai vu et je sais que je ne verrai plus que ça.
Pour l’instant je suis pas mal occupé professionnellement, mon premier vol sur 350 est prévu demain, un vol vers Monrovia avec escale à Bamako. C’est mon terrain de jeu habituel, alors de ce point de vue je ne suis pas trop inquiet.
J’ai quand même un peu avancé ce matin en stratifiant les logements de feux de nav.
Il a fallut d’abord découper à la Dremmel l’emplacement, puis creuser la mousse un petit peu pour que la base du feux soit affleurante. J’ai ensuite fabriqué des contres moules en mousse pour bien repousser le carbone sur toutes les faces du logement. Ensuite j’ai enduit l’orifice de chocolat avant de placer deux couches de carbone imprégnées à 45° avant d’enfoncer légèrement en force le contre moule.
Tout s’est bien passé, la résine a bien dégueulé tout autour.
10 décembre.
Premier vol A350 et feux de nav.
De retour de mon premier vol sur A350, un avion aux performances exceptionnelles. La difficulté en tant que pilote n’est pas le pilotage, il est aussi facile que le 330, mais plutôt l’adaptation aux très nombreuses applications disponibles avec lesquelles il faut apprendre à jongler. Il faut être un peu geek pour être comme un poisson dans l’eau et ce n’est malheureusement pas mon cas. Il va me falloir un certain temps d’appropriation pour être à l’aise.
Pour revenir un instant à l’aspect planeur de l’appareil, l’avion est plus fin, son grand allongement se traduit par des assiettes de décollage et montée plus faibles que le 330, 12,5° au déco au lieu de 15°, malgré des moteurs surpuissants. Sa vitesse mini en lisse est 15 à 20 kt inférieure à celle du 330, ce qui permet de retarder la sortie des volets dans les zones de régulation de vitesse en approche, comme à Roissy. On consomme alors moins de carburant.

Autre originalité, il n’y a pratiquement qu’un seul Mach de croisière, M 0.85, pour lequel l’avion est optimisé. A Mach.83 ou .86, vous consommez plus! Je n’ai jamais vu ce comportement avant, car en général quand vous réduisez un peu le Mach , vous consommez moins. Je n’ai pour l’instant aucune explication officielle et j’en suis réduit à l’hypothèse que c’est dû au fait que la courbure du profil est variable par de petits déplacements des volets et des ailerons (en mode commun) , ce qui se fait automatiquement à l’insu du pilote. Il y a donc une adaptation beaucoup plus fine du planeur aux conditions de vol qui pourrait expliquer ce comportement inhabituel. La finesse est encore plus importante que celle du 330 qui est déjà très fin, mais les aérofreins sont plus efficaces, ce qui permet de ne pas trop se faire avoir quand on est trop haut, trop vite.
Observez le profil de l'aile à son emplanture, de type supercritique. Le bord d'attaque est presque plat et la cambrure en intrados très marquée.
Bref, je suis assez emballé et je pense que je pourrais bien finir ma carrière sur ce fleuron de la flotte, car si la santé me le permet je pourrais bien en faire encore 10 ans.
Merci à Pascal, mon vieux copain de promo qui m'a accompagné sur cette rotation vers Bamako et Monrovia. On a appris à piloter ensemble sur TB10 à Biscarrosse, en 1986 !
Mais revenons à nos moutons.
J'ai démoulé les emplacements des feux de nav, en détruisant minutieusement les moules. Le résultat et comme attendu.
Je me remets au boulot pour finir les saumons, car comme vous pouvez le constater, l'état de surface n'est pas encore parfait.
Masse intermédiaire, 860 gr/saumon.
C'est bien parti pour respecter mon objectif de masse < 1.1 kg
Je me permets de poster une petite vidéo de mon premier atterrissage avec le vrai avion, à Bamako.
Vidéos.
Encore 2 vidéos de la même journée, un timelapse de l'étape Bamako - Monrovia, étape d'1h05 avec le coucher du soleil, et une autre , prise du cockpit par une hôtesse non qualifiée que j'avais autorisé à atterrir au cockpit et qui a bien voulu me transférer ses images. C'est intéressant, je ne pensais pas être aussi actif sur le manche. Les Airbus ne se pilotent pas comme des avions classiques, les ordres sont plus des impulsions quand il s'agit de maintenir une trajectoire rectiligne uniforme.
Voila où j'en suis. Tout est monté, mais tout ne fonctionne pas comme je veux. A droite, l'alime et un générateur pour activer RPM et fluelflow.
Sur la photo, il est orienté au 080° et il m'affiche 347°.
Je n'ai pas prêté attention à ça, mais comme j'ai chargé la data-base terrain, je me suis étonné de voir la montagne en face !
Pour les affichages, j'ai toujours du mal à gérer ça avec des doc éparpillées, plus ou moins à jour et des menus en pagaille. J'envisage de faire un document qui synthétise tout ça (les menus seulement). Valable pour Explorer.
L'Extrem me semble mieux réussi. Plus simple sans doute, et des menus mieux foutus.
Samedi j'ai fini de poser le diffuseur avec ta saloperie noire (Sikaflex). Je me demande comment t'as fait pour pas t'en coller partout ! J'en ai encore sous les ongles.
J'envisage d'y retourner mercredi.
Ce soir, j'ai fini le recouvrement et ça durcit tranquillement sur un radiateur.
Le saumon gauche est terminé en ce qui concerne la strate, tous les renforts sont posés et il affiche 960 g sur la balance. Le ponçage devrait lui faire perdre quelques dizaines de grammes, mais je vais les reprendre avec la peinture garnissante, la peinture polyuréthane finale et les inserts de fixation des feux de nav et de la perche caméra. Il semble que je vais tenir mon devis de masse.
Une question globale: vous avez fait beaucoup de modifications sur le Jojo cette année (révision moteur, tableau de bord, extension des volets, des bouts d'ailes, plexis, etc.), comment vous avez prévu de tester ces différentes améliorations / modifications? Est-ce que vous apportez et tester toutes les modifications en même temps? Courage pour ce confinement et continuez votre beau travail!
RépondreSupprimerC’est vrai que l’immobilisation prolongée m’a permis d’avancer plus vite sur des projets qui étaient jusque-là en attente. Votre remarque sous forme de question appelle une réponse de bon sens. Ce n’est jamais bon de tester en même temps plusieurs modifications importantes. Concernant la cellule, la seule modification importante et intégrée est l’extension des volets que nous allons essayer avant d’installer les saumons, par prudence, mais aussi pour savoir ce que cette modif apporte sans être polluée par l’effet des saumons. Concernant le tableau, une bonne partie des essais se fera au préalable au sol, donc ça ne devrait pas poser de problèmes.
SupprimerEnsuite nous intégrerons les saumons, puis notre nouvelle hélice.
J’avoue que nous sommes impatients d’essayer toutes ces modifs et d’en mesurer l’effet, mais on va prendre notre temps. Dans tous les cas, c’est moins pire que d’effectuer un premier vol après construction 😄.
Merci du commentaire.