Février 2024 - Essai brins de laine carénages

6 février.

Essai brins de laine carénages.

 Nous avons fait ce vol samedi dernier par très beau temps. Je vous laisse regarder cette vidéo, un peu de travail quand même, qui n'est accessible que depuis ce blog en cliquant sur l'image ou avec ce lien:

https://youtu.be/AlOwoh-8Dmc

 Je ne l'ai pas rendue publique car c'est un peu trop technique pour ma chaine. Je vous laisse voir donc et on en reparle.


7 février.

Donc, comme je vous l'ai dit dans cette vidéo, on va procéder pas à pas pour traiter les défauts relevés. Le défaut le plus coûteux en trainée est évidemment la turbulence vue au niveau du raccord pantalon/carénage, due à une recompression trop forte (ou rapide) de l'écoulement. Il y a une interaction entre ces deux pièces avec la conjugaison d'un ralentissement sur le pantalon et sur le carénage que je pensais pouvoir contrôler en prolongeant un peu le maitre couple du carénage vers l'arrière. A l'évidence, ça n'a pas suffit et nous devrons donner plus de volume au raccord (Karman) de façon à ralentir plus modérément l'écoulement dans cette zone.

 Cette mesure corrective, si elle est un succès, aura un impact sur l'ensemble de l'écoulement en arrière et pourrait bien du même coup résoudre le problème des filets d'air trop convergeant sur le cône arrière coté intérieur.

 En effet, la recompression locale et brutale créée par la turbulence sépare en deux le flux par une zone d'eaux mortes, et ces deux flux séparés ont tendance à s'écarter l'un de l'autre. Cela pourrait expliquer le brin de laine très descendant sur la face interne du carénage, derrière la jonction pantalon/carénage. Donc une chose à la fois pour ne pas faire d'erreurs.

 Pour ne pas perdre l’énergie ou le moral, il fallait que je m'y mette dès que possible. Mais faire et refaire est mon lot dans ce monde impitoyable qu'est l'aérodynamique expérimentale, qui n'a que faire de l'énergie déjà déployée.

 Alors coller un bloc de mousse, cela peut paraitre simple, mais il faut qu'il soit bien ajusté et bien collé sur toute sa surface de contact, pour éviter que les bordures fines ne partent en morceaux au ponçage.

 La première image montre comment j'ai préalablement collé du papier de verre à la colle contact sur la zone, pour poncer le bloc à la forme d'accueil. J'ai fait ça hier.

 

 Ensuite j'ai enlevé le papier de verre, collé le bloc à l'Araldite rapide, puis j'ai mis en forme la partie extérieure. 

 Au final, j'ai passé de la résine sur la mousse pour la durcir un peu, puis j'ai traité les irrégularités de bordures au chocolat.

 Ne reste plus qu'à faire un ponçage léger pour l'état de surface et nous sommes bons pour refaire une observation de brins de laine.

 

 

Observations en détail.

Sur cette image de la vidéo, je détaille ce que j'ai vu en vitesse croisière.

 Photo du bas, j'ai dessiné l'ondulation que forme les filets d'air et qui n'est pas une surprise, elle est liée à la "taille de guêpe" que j'ai faite au droit du pneu qui dépasse, pour limiter la taille du maitre couple à cet endroit. Ce qui est moins attendu, c'est que le flux à l'arrière verse par le dessus, de l'extérieur vers l'intérieur. Mon hypothèse est que cela provient de l'influence de la zone décollée qui perturbe la cohésion d'ensemble. Nous serons vite fixés.

 Autre soucis dont j'ai parlé dans la vidéo, l'aspiration des brins de laine (cercle rouge) par la dépression interne du carénage, elle-même produite par l'orifice de roue à l'endroit où la pression extérieure est la plus faible. Le débit est à mon avis important et mérite d'être traité. Localement cela ne génère pas forcément de trainée, ça peut même aider les filets à rester collés. Le problème c'est que cet air ressort quelque-part, et en particulier autour de la roue, par le gap fonctionnel. Or, on mesure déjà la difficulté, voire l'impossibilité qu'il y a à faire contourner la partie apparente du pneu sans décollements derrière celui-ci. Si en plus je libère de l'air mort autour du pneu, ça ne va pas aider les filets à recoller sur le dessous du cône arrière.

 Je vais donc faire un truc tout simple; coller de la mousse d'isolation en bande autocollante en surface de la partie du pantalon interne au carénage, de manière à ce que le l'espace se bouche avec la jambe de train détendue.

 Grace à cette image en vol, donc jambe de train détendue, je connais la distance d entre la vis sur le pantalon et le bord de l'orifice du carénage. C'est la longueur du brin de laine le plus proche. Je sais donc à quelle hauteur sur la pantalon coller le joint.


 Je pars au boulot quelques jours, nous ferons ça à mon retour.



20 février.

Brins de laine, la suite.

 Samedi matin dernier, la mission était de remonter le carénage à observer, de remplacer quelques brins de laine manquants, d'installer les caméras et d'aller voler pour observer l'efficacité ou non de la modification de volume à la jonction pantalon/carénage. J'ai pris le temps de faire un petit montage et donc je vous laisse visionner le retour d'expérience.


 Quelques commentaires en plus, il n'y a plus d'aspiration des deux brins de laine à proximité immédiate de l'orifice dans lequel navigue le pantalon, car j'y ai placé un joint d'isolation en mousse, utilisé pour les ouvrants de maison, qui bouche l'espace quand l'amortisseur est détendu. Vous remarquerez d'ailleurs la course de l'amortisseur lors du décollage et de l'atterrissage, j'ai tracé au feutre rouge un repère sur le pantalon. La course totale est de 75 mm.

 J'ai aussi remarqué que la convergence de l'écoulement coté intérieur sur le cône arrière est moins prononcée que sur la dernière vidéo où je faisais l'hypothèse de la séparation de l'écoulement autour de la zone décollée. La cohésion retrouvée entre filets d'air adjacents dans cette zone a redressé un brin.

  Retour du carénage à la maison pour faire la deuxième modification et consolider la première.


Vol vers le Versoud LFLG ce dimanche.

 Pour une visite familiale chez les Peuzin du nord, qui font en ce moment de l'entretien sur leur ULM Skyranger. Mais en route, nous n'avons pas résisté à poser nos roues à Clamensane, La Salette et Mens avant une arrivée à l'heure (!) au Versoud.





 

21 février.

Modifs carénage.

 Point d'étape sur l'avancement des modifs. Il faut encore une fois avancer vite pour ne pas perdre la foi. Ce matin j'étais au simulateur 330 pour mon expérience récente, il faut dire que ça se périme assez facilement vu le déséquilibre des flottes 350/330. Donc peu de vols sur 330 et une règle spécifique de mon employeur non exigée par la DGAC qui impose un décollage et un atterrissage dans les 60 jours sur chaque variante. Car le plus étonnant c'est que c'est la même qualification pour les deux avions, avec deux "variantes", alors qu'ils sont franchement différents. Ça sent bien l'arrangement commercial quand même. Bref, il fallait faire ces mouvements au simulateur, des tours de piste que j'ai demandé à faire avec 30 kt travers sinon c'est pas rigolo. Je vais pouvoir aller à Cotonou lundi prochain.

 Bon je raconte ma vie, mais de retour chez moi, j'ai posé une couche de carbone sur la mousse ajoutée au carénage. Une seule devrait suffire, car le structural est déjà repris et je veux alourdir le moins possible. J'utilise du carbone pur et non mon tissu mixte dont le Kevlar supporte mal le ponçage. Comme cela, je pourrai poncer les bordures en biseau pour un raccord invisible.

 Pour le reste, j'ai passé pas mal de temps à observer les écoulements sur les vidéos et je vois des petites choses qui m'embêtent. D'abord sur le nez de carène, à vitesse croisière, les brins de laine montrent qu'il est placé un peu haut et le carénage est en incidence positive. Certes c'est faible à vitesse croisière et sûrement peu coûteux en trainée, mais ça m'embête. Par ailleurs, ce nez est également en attaque oblique importante à basse vitesse, ce qui était attendu et expliqué, mais il le reste encore un peu en vitesse croisière (de l'intérieur vers l'extérieur). Il est évidemment compliqué de visualiser en 3D les différentes interactions générées par la voilure, l'hélice et le fuselage. Mais les brins ne mentent pas et ils disent que dans le plan horizontal, le nez est soufflé de la gauche et le cône arrière de la droite (carénage de droite). Le carénage étant globalement droit dans ce plan cela signifie que l'écoulement général extérieur a une trajectoire courbe et que mon carénage aurait dû être dessiné en banane dans ce plan là également (il l'est dans le plan vertical comme expliqué dans mes post précédents). J'ai bien prévu de régler le problème assez facilement au niveau du cône arrière, mais je me tâte pour l'avant, car cela va nécessiter une découpe de la partie avant pour repositionner la tête. Je sais comment m'y prendre pour les essais, avec une possibilité de réglage de l'orientation du nez avant de figer le tout avec du stratifié. Donc encore du boulot, alors que je pourrais me satisfaire de l'existant. Mais je sais que je vais avoir un sentiment d'inachevé qui va me poursuivre.
 

23 février.

Massacre à la tronçonneuse.

  Certains vont me trouver fou, mais je l'ai fait. J'ai découpé la pointe avant de mon beau carénage tout
neuf. J'avoue que j'ai eu un peu mal au cœur, mais après (très) longue réflexion, je n'avais pas d'autre choix pour régler le problème d'orientation du nez.

 J'ai donc découpé à la Dremel puis repositionné le nez avec des baguettes plates vissées en intérieur. Enfin, du scotch pour la continuité aérodynamique recouvre l'espace créé.


 Vue de l'intérieur, on voit que les quatre coins sont tenus et ça devrait résister aux efforts en vol. J'ai appliqué deux corrections forfaitaires de même valeur, à la fois vers le bas et vers la gauche (carénage de droite).






 Le cône arrière est également prêt, je n'ai pas remis de brins sur la partie en carbone pour cause de contraste insuffisant, on en remettra après peinture pour le bilan final.

 J'espère faire un vol brins de laine très prochainement, peut-être demain.





24 février.

Essai en vol.

 Profitant d'une relative éclaircie ce matin, le père et moi avons effectué un vol avec le carénage modifié. Donc remontage préalable, puis ajout d'une couronne de brins supplémentaires vraiment au bout du nez, pour avoir plus de précision sur la position du point d'arrêt.


 On remarque que l'allure générale change avec cette vue de coté, c'est moins banané et finalement peut-être plus élégant. C'est important d'être élégant :)






 De la place droite que j'occupais, j'ai tout de suite vu que c'était mieux en ce qui concerne le pitch du nez, la deuxième rangée étaient précédemment avec des brins plus parallèles entre eux, contrairement à ce que l'on peut voir sur cette vue où ils s'écartent les uns des autres régulièrement. Cela indique un repositionnement du point d'arrêt plus proche de la pointe avant. Latéralement il reste une petite attaque oblique de la gauche que je corrigerai après analyse minutieuse des enregistrements vidéo.

 Je vais monter cette vidéo au plus vite et vous donnerai le lien.




25 février.

La vidéo.

 Que vous attendez tous avec impatience, j'en suis sûr!
 Regardez et on en parle.



 Le carénage de droite est de retour chez moi pour préparer ce que j'espère être l'ultime vol d'essai. Je vais modifier assez facilement l'orientation du nez, environ 2 cm à gauche sans toucher le pitch et m'attaquer au positionnement latéral du bord de fuite du cône arrière, vers la gauche également. Pour ce dernier, j'ai moins d'amplitude de réglage que pour l'avant si je veux éviter de trop lourds travaux. Je ferai donc le maximum possible et je m'en contenterai. Demain je pars à Cotonou au Bénin, retour jeudi pour la suite des aventures.

19 commentaires:

  1. Il faut avoir du cran, être assez gonflé et sûr de soi pour tenter une remise de gaz en configuration montagne. Bravo à toi. C'est une sacré maîtrise. Sur le site de l'AFPM, il est d'ailleurs mentionné (je crois de mémoire dans la check quand on a pas volé depuis longtemps) de ne pas freiner à la cassure de pente pour la raison que tu évoques (à Clamensane) du risque de passer sur le nez ou sur le dos.
    Ce que tu ne dis pas, c'est comment tu as calculé que çà passait, les différentes étapes de calcul (hypothèses - accélérations/decélérations et calculs des vitesses dans les différentes pentes ? vérifications des hauteurs des buissons sur place ? ...)
    Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de terrains de montagne où on peut faire çà, et de ma faible expérience, une remise de gaz sur la plupart conduit à une catastrophe ! Mis à part des terrains comme la Salette qui représentent le cas où l'axe d'atterrissage et celui du décollage sont presque alignés. Et encore, il faut s'assurer qu'il n'y a personne entre les deux... En bref, chapeau bas parce que peu de personnes sont capables de faire çà. Surtout le premier. J'avais été déja impressionné par le tour de piste main droite à la Salette, mais là tu fais encore plus fort !

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    1. Oui j’étais sûr de moi pour faire participer mon ami Charles à l’aventure, gonflé non, c’était facile à réaliser. Mon petit calcul n’est pas hautement analytique, j’ai évalué en fonction de l’expérience ma vitesse résiduelle à la cassure, puis avec les données que j’ai acquises avec mon accéléromètre enregistreur j’ai déterminé que j’aurais largement la vitesse nécessaire pour sauter les buissons du bout. Peu de terrains où c’est possible en effet, la Salette bien sûr, mais en respectant une technique particulière, tu as dû voir ma vidéo rocambolesque 😬, je pense également que Faucon le permet, ce qui aurait vraisemblablement sauvé la vie des pilotes mentionnés sur la stèle locale, même si je n’ai pas tous les détails de cet accident. J’y suis allé une fois par vent de nord et j’ai constaté une aerologie très particulière susceptible de provoquer un atterrissage beaucoup trop long. J’en garde encore un souvenir très vivace.
      Je pense faire un recap de La Salette sur le meme format puisque j’ai déjà des images et peut-être aussi tenter le coup à Faucon après avoir fait une inspection minutieuse du lieu 😄

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    2. Quand on refait les calculs et avec la video, on peut remarquer plusieurs choses. La première c'est que 100Km/h à l'arrondi est probablement la limite basse que tu n'hésites pas à atteindre. La deuxième, c'est que la réalisation est d'une précision chirurgicale. Enfin, tu sembles surpris par le fait que l'avion décolle tôt (à la faveur de la cassure). Justement, à la cassure, il te reste 150 m pour gratter les 15 à 25 km/h qui manquent pour tenir le palier (sans rester au 2nd régime) et passer les buissons. Et tout le challenge semble justement la réalisation après la cassure, malgré l'apparente facilité. Débutants s'abstenir ? :)

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    3. Alors du coup je suis allé revoir la vidéo pour noter les vitesses en détail. 100 km/h pour l’approche, un toucher à 85, suivi d’un minimum à 77 . Un passage de la cassure à 85 et le bout de piste à 100, avec une marge aux arbustes que je qualifierais de raisonnable. J’ai orienté la trajectoire légèrement à droite pour passer au milieu de la trouée. C’est mon ami Charles qui était étonné 😄. Chirurgicale? tu exagères, je pense que c’est facile à réaliser, le point clé est de rendre modérément la main à la cassure pour ne pas s’éloigner du sol dans un premier temps. Il faut se rappeler que le second régime en effet de sol est atteint à une vitesse plus basse que loin du sol, il faut donc en profiter le plus longtemps possible. L’effet de sol agit comme si l’aile avait plus d’allongement et la traînée induite est plus faible. Phénomène exploité par les Ekranoplans entre autres.

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    4. ce qui reste étonnant pour moi est l'augmentation de vitesse entre la vitesse mini à 77 et la vitesse à 85 à la cassure, malgré la pente de 12% de Clamensane. Est ce que tes calculs t'avaient confirmé que tu accélèrerais dans la pente montante ? Je dois faire une erreur de raisonnement parce que en prenant 1,5m/s² et 700kg, je trouve une traction de 1050 N qui semble insuffisante.
      Certes tu connais bien ton avion, mais il y a quand même aussi des incertitudes. Par ex, il est connu par certaines personnes que la traction d'une hélice carbone (d'une marque française que je ne citerai pas) est moins bonne qu'une hélice métallique pour le même pas.
      En bref, tu dois avoir des éléments qui me manquent dans les calculs.

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    5. La réalité est que je n’ai pas tenté de faire un calcul aussi précis, mais je me prend au jeu.
      Tout d’abord la pente réelle ne présente pas de facettes et la pente passe à zéro en quand même une vingtaine ou une trentaine de mètres, et les 85 km/h sont lus en fin de bosse, ce qui va améliorer sensiblement le réel.
      Mais soit, 12% de pente (6,84°) sont équivalents à une accélération longitudinale de 9,81.sin 6,84 = 1,17 m/s2
      Je note sur la vidéo un temps de 4 secondes pour passer de 77 à 85 km/h, soit une accélération dans la montée de 0,56 m/s2
      Dans le cas théorique d’une piste à facettes, il faudrait donc que mon moteur produise une accélération de 1,17 + 0,56 = 1,73 m/s2 pour, à la fois contrer le pente montante et accélérer de 8 km/h en 4 secondes. A la masse de 700 kg cela représente une traction de 700.1,73 = 1211 N ou 121 kgf.
      Je te renvoie à janvier 2023 de ce blog où je publie les mesures d’accélération en palier à LFMD où l’on mesure une accélération de 1,7 m/s2 dans cette plage de vitesse. Il en manque donc un peu pour arriver à 1,73, d’autant que nous ne sommes pas au niveau de la mer et que le moteur tire moins. Je mets donc ça sur le dos de ma remarque initiale concernant la rupture de pente progressive.
      Merci de me jeter une nouvelle fois du poil à gratter 😂

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  2. Bravo pour la vidéo avec les brins de laine. Très pédagogique.
    Une question/précision néanmoins. Vous dites qu en incidence l avion pousse de l air et que cela crée un écoulement de l intérieur vers l extérieur des carénages de roue. Pouvez vous expliquer?
    En repère avion, en incidence il y a une composante de vent qui vient de dessous. Ce serait le fait que cette composante doive contourner le fuselage qui créerait cet écoulement intérieur vers extérieur sur le train?

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    1. Je me rends compte que je vais parfois un petit vite dans mes explications et je m’en excuse. Non, c’est la portance de l’aile qui génère cet échappement de l’air par les côtés en intrados. A l’inverse, en extrados le flux d’air est très convergent. L’air en intrados sous pression cherche à rejoindre l’extrados en dépression en contournant le bout de l’aile. Ce mouvement génère ce qu’on appelle la traînée induite (par la portance), et ce contournement et donc cette traînée est d’autant plus importante que la vitesse est faible et l’angle d’incidence important. Peut être plus facile à visualiser, au sol, avec les trois roues en contact pour un avion à train classique, l’air qui arrive face au convergent que constitue l’aile au dessus du sol trouve un échappatoire partiel en se déplaçant latéralement vers les bouts d’ailes. Plus l’envergure est importante et moins ce phénomène est important, ce qui explique l’allongement d’aile démesuré des planeurs pour minimiser ce type de traînée. J’espère avoir été suffisamment clair. Merci pour la question.

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  3. Sur ton post du 21, tu dis avoir passé beaucoup de temps sur les vidéos. Je ne suis pas étonné. Je trouve les signaux faibles des brins de laine difficiles à voir et à interpréter. Tu as acquis à force une vraie compétence qui met du temps à rentrer.
    Ton analyse dans les deux plans est très intéressante aussi. C'est du travail de défrichage que je n'ai vu nulle part et probablement jamais pris en compte par les industriels

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    1. Quand on est autodidacte comme moi, ça prend effectivement plus de temps et je ne bénéficie pas d’un savoir collectif, vu le peu de publications. Pour autant, je suis sûr que ce type d’expert existe, quand après la soufflerie numérique on est confronté aux essais en vol sensés régler les détails des avions à gros budget. Il est ainsi capable de donner une analyse qualitative par simple observation et de proposer un remède. Mais pour l’aviation légère, je suis d’accord avec toi, les carènes de roues sont juste ajoutées à l’avion, sans trop se soucier de l’écoulement local, avec des critères bien plus souvent esthétiques, de mode, plutôt qu’aérodynamiques. Il faut bien vendre le produit en mode séduction, comme les bagnoles, et promettre une diminution de consommation d’au mieux 1% est de peu de poids dans la balance pour un privé, hélas.
      Nous sommes dans ce blog dans une logique complètement différente et j’ai bien conscience que tous les investissements que nous faisons ne seront jamais rentabilisés pour nous-mêmes, nous prenons plaisir à essayer de comprendre et dégager de bonnes pratiques pour la communauté, avec passion. Passionné, tu en est un autre et je te remercie de susciter ce débat sur la Science avec un grand S, pas celle confisquée ou instrumentalisée au bénéfice d’intérêts particuliers. Merci Bruno !

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  4. Bonjour Fred
    j'ai deux questions si tu le veux bien !
    la première est lorsque je lis "Mais je sais que je vais avoir un sentiment d'inachevé qui va me poursuivre." je me demande si ça se soigne et si il existe un bon spécialiste et comme disait l'autre " à chaque fois qu'il fera demi tour" bien évidement je te taquine car la réflèxion et le travail effectué continue de m'impressionner.
    Plus sérieusement et au risque de dire une bêtise, pour améliorer l'efficacité des carénages de roues et/ou améliorer les inter-action en recollant les filets d'air est-ce que la pose de VG ou de bande zigzag comme devant les gouvernes de planeurs, par exemple, apporteraient qq chose ou produiraient simplement une trainée supplémentaire.
    merci amitié marc

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    1. Salut Marc, non je ne pense pas que ça se soigne et puis je n’en ai pas envie ! 😝
      Les VG et les zig-zag sont des artifices bien pratiques pour soigner les petits bobos aérodynamiques, mais cela doit venir, si nécessaire, une fois que tout aura été fait pour l’éviter. Les zig-zag sont utilisés pour faire transiter la couche limite encore laminaire, moins collante qu’une couche limite turbulente pour éviter l’apparition de bulles laminaires qui vont épaissir brutalement le profil vu par l’écoulement et rendre en particulier certaines gouvernes inefficaces et augmenter la traînée de culot. Si cela ne suffit pas à éviter un décollement, on peut ajouter plus d’énergie dans la couche limite avec les VG en allant chercher des filets d’air plus éloignés de la surface, ce qui va évidemment épaissir la couche limite et augmenter la traînée. Donc ces artifices sont bien s’ils permettent d’éviter des décollements inévitables très coûteux en traînée, mais c’est mieux si l’on peut s’en passer par un meilleur contrôle des formes. La traînée de friction d’une couche limite turbulente est 4X supérieure à celle d’une couche limite laminaire, d’où l’intérêt de maximiser la zone laminaire sans décollement.
      Pour mes carénages, je n’en suis pas encore à ce stade, je cherche encore à améliorer la forme par observation des brins de laine. Quand je serai satisfait, je ferai des observations de film d’huile et non de marc de café 😂. L’huile permet de cartographier les zones par l’intensité des forces de frottement en surface. C’est pour cela qu’il faut de l’huile sale, de vidange, pour le contraste sur une surface blanche. Plus ça frotte et plus c’est clair. La zone laminaire doit normalement présenter un dégradé progressif de plus en plus foncé en partant du bord d’attaque jusqu’à la fin de la zone laminaire. Puis la transition est indiquée par un éclaircissement brutal puis à nouveau un dégradé vers le foncé. Des flaques noires dans le dessin peuvent indiquer des décollements. Cela promet d’être passionnant. Merci Marc 😄

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  5. Quelle abnégation !
    D un autre côté, je ne vois pas comment faire autrement. Pour cartographier l écoulement "libre" il faudrait voler sans le train et le remplacer par des sondes...
    Par contre, un poil d incidence est favorable. Quitte à trainer, autant porter un peu. Intuitivement, je dirai que les carénages de trains doivent être calés pour que leur finesse en croisière soit égale à celle de l'avion.

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    1. Bonjour Renaud, oui je suis d’accord avec Bruno qui t’a répondu et il faut se méfier des impressions de bon sens comme « quitte à traîner autant que ça porte » même si cela paraît séduisant à première vue. L’avion n’a pas besoin de portance  « supplémentaire », il n’a besoin que d’équilibrer son propre poids. Par contre il faut que la portance produite soit la moins coûteuse en traînée, et dans ce registre, c’est l’aile, par son grand allongement, qui se débrouille le mieux. Le carénage de roue s’il produit de la portance, au détriment de l’aile, le fera avec un rendement très médiocre de par son allongement ridicule et la forte traînée induite (par la portance) de ce genre de corps. Ma démarche est donc de rechercher une incidence nulle dans les deux plans pour essayer de ne générer que de la traînée de frottement et la difficulté est de visualiser la circulation autour de l’appareil pour aligner la forme du carénage sur la ligne de courant locale. Ainsi parle le grand Manitou 😂

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    2. Je reviens sur ce sujet du calage du carénage de train avec un peu plus de réflexion.
      En partant du vol en croisière avec des carénages calés à incidence nulle, on a toute la portance qui est prise par l aile et aucune par le carénage de train. Disons que la finesse est de 5 à ce point de vol. Et les carénage de train traine, disons 50N =5kgf
      Si on met le carénage de train légèrement en incidence, pour qu il porte disons 500g, c'est autant de moins a porter par la voilure. Donc la traînée voilure est reduite de 100gf. Reste à voir si les carénages de trains traînent alors plus ou moins de 5,1kgf. (Soit une finesse du carénage de 0,1)
      Je n ai pas rechercher ce que peut être la finesse d une forme de ce type, mais c est sûrement meilleur que ça.
      Donc au final, il faut raisonner en increment de portance et de traînée pour le carénage, et je reste persuadé que un poil d incidence positive est bénéfique

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    3. Bonjour Renaud, j’ai pris un peu de temps pour ma réponse que je voulais construite et aller un peu plus loin. Tout d’abord je me suis étonné que tu parles de finesse et j’ai compris que tu utilisais le fait que la finesse est le rapport Cz/Cx et donc Poids/Trainée. Tu utilises ensuite la finesse en vitesse de croisière, estimée à 5, pour évaluer la traînée engendrée par une augmentation du poids. Tu fais une erreur en assimilant la finesse à la pente locale de la polaire avion, ce qui n’est vrai qu’à la finesse max, quand la droite passant par l’origine du repère est tangente à la polaire avion. En d’autres termes, le delta Cz/ delta Cx n’est pas égal au Cz/Cx, il est même beaucoup plus important à la vitesse de croisière.

      Mais tu as attiré mon attention sur cet exercice théorique et j’ai voulu aller un peu plus loin. J’ai fait un petit calcul sur la base de notre avion en intégrant à la traînée avion la traînée de forme des carénages dont le Cx est quasi constant et en comparant la traînée induite créée par une portance de 5 N (ton exemple) d’une part par l’aile et d’autre part par les carénages. Je n’ai pas la place de détailler ici mes calculs, mais à la vitesse de 60 m/s la traînée induite reprise par la voilure est de 0,15 N alors que si reprise par le carénage elle tombe à 0,036 N, soit 4 fois moins. Cela s’explique par le fait que le Cxi (induit) est une fonction du carré de Cz et que les conditions de départ sont différentes pour la voilure Cz = 0,28 qui porte l’avion et le Cz du carénage qui est nul avant mise en incidence et qui atteint Cz = 0,007 pour porter les 5 N.
      Pour mémoire j’ai pris S voilure =14 m2 allongement=6, S carénages = 0,4 m2 allongement = 0,3. Ton intuition n’était donc pas mauvaise quoique la démonstration entachée d’une erreur.

      Cependant je voudrais dire que tout cela est uniquement théorique, puisque nous faisons l’hypothèse de départ d’une absence d’interaction entre aile et carénage. À bien y regarder nous sommes dans le cas d’un biplan, où les deux sources de portances sont l’une au-dessus de l’autre. Si l’on revient aux fondamentaux avec une vision plus large, la portance est produite par la mise en descente d’une nappe de courant massique vers le bas créant la force décrite par réaction. Plus cette nappe est étroite (faible envergure) et plus l’angle de déflexion doit être important pour générer la même portance (moins de débit massique), ce qui produit plus de tourbillons marginaux à l’origine de la traînée induite. Or dans notre cas, l’envergure n’augmente pas avec la mise en incidence des carènes. Il se produira une déformation locale du Cz en envergure avec un petit pic au niveau des carènes mais dont l’influence sera nulle au niveau de la traînée induite globale. La mise en incidence des carènes produit plus un effet « volets » (toutes proportions gardées) qui seraient sortis en permanence.
      Voilà, j’espère t’avoir convaincu sur cette affaire en gardant en mémoire la très faible traînée qui est l’objet de notre échange.
      Merci

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    4. Merci d avoir plongé ainsi dans le détail de ce sujet. (Ce qui, au regard de ce blog, n est pas une surprise).
      Je partage tout a fait la conclusion !

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  6. Bonjour Renaud. Quand tu dis finesse, tu veux certainement dire incidence? Ca me paraît un poil plus compliqué. Il faut déjà savoir ce qu'on veut optimiser (par exemple atterrissage ou vitesse max). Et ensuite que l'incidence de finesse max locale soit celle de là où on veut optimiser (croisière eco;croisière rapide,...). Mais ce n'est que mon humble avis sous contrôle du grand Manitou Fred...

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  7. bonjour Fred en effet très instructif, en plus cette pédagogie par l'image rend les "choses" beaucoup plus accessibles merci! de plus cet angle de prise de vue à pour moi une autre vertu c'est qu'il permettrai de voir le travail de la suspension façon Jodel merci, bon COO marc

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